Historique

Il demeure, à 55 ans, le chef d’orchestre héraultais le plus célèbre. Extrait du Midi-Libre
Paul Selmer a toujours le cœur ancré sur scène.
Depuis quarante ans, le roi du bal populaire égaye les fêtes de village de la région.

« On dit que nul n’est prophète en son pays. Moi, cela fait 40 ans que je tourne dans le département. »

Paul Selmer 1964Aucun héraultais de souche ou d’adoption n’oserait dire le contraire. Car Paul Selmer est au bal populaire ce que Georges Frêche est au microcosme politique local : incontournable !

Du Pouget à Lespignan, d’Agde à Pomerols, de Meze à Florensac, son Orchestre a sillonné toutes les fêtes de village. Paul Selmer et ses musiciens sont les gardiens du temple fragile de la tradition rurale. Leurs 40 ans de tournée leur ont permis d’être les témoins privilégiés de la vie dans nos campagnes et sur nos plages.

La première fois que Paul Balsier (son vrai nom), piscénois et fils de courtier en vin, monte sur scène, il a 15 ans à peine. Déjà, son sourire charmeur, son inébranlable optimisme et son talent de musicien attirent les foules.

Mais l’histoire commence alors qu’il a 10 ans : il fait renaître l’harmonie fanfare de Pézenas. Il trouve le prof, M. Caraillon, et 10 copains, réquisitionnés dans la cour d’école. Il apprend alors le clairon, mais veut jouer de la trompette. Finalement, ce sera le trombone à coulisses. Beau gosse mais pas très grand, ses bras ne sont pas assez longs pour jouer toutes les positions. Monsieur est très têtu, il persévère. La fanfare atteint rapidement les 80 musiciens, une classe de solfège est créée. Mais ce n’est pas assez.

Nous étions en 1962 : je voulais monter sur scène. Paul Selmer 1969

Aussitôt dit, aussitôt fait : les New Orléans naissent.
Paul Selmer 1966
Il nous a fallu 6 mois pour nous apercevoir que nous n’avions pas le niveau.
Les Sadems prennent alors le relais. Pendant 1an et demi seulement.
Nous voulions imiter les grands orchestres style « Copacabana », avec des moyens moindres. La fougue de la jeunesse n’a pas suffi.

Puis un jour, le déclic :
Nous avons fait des chansons commerciales dans l’esprit des créateurs.
Pour jouer un morceau des Beatles, par exemple, 4 garçons chantent sur le devant de la scène.
En 3 mois, nous avons explosé ! Nous avons répondu à une envie des jeunes qu’ils n’avaient pas encore exprimée.
Il devient, à 17 ans, chef d’orchestre Paul Selmer. Un leader modeste :
J’avais le téléphone à la maison, c’était plus facile pour les contacts.
Un représentant autorise le jeune loup aux dents longues à porter ce nom, semblable à celui de Rolls des saxophones. Rien ne peut arrêter le succès populaire de l’orchestre Paul Selmer. Le groupe s’essaye à la composition… mais ne perce pas.
« Mieux vaut être le premier de sa catégorie que boxer dans une autre, hors de portée. » L'homme a toujours le bon mot.Paul Selmer 1970Il poursuit :
« l’âge aidant, je préfère être un coach heureux qu’un mauvais buteur ! » 

Sa sagesse, qui transparaît dans son regard et son sourire éclatants, explique sa longévité. L’orchestre est passé de 7 musiciens à 25 aujourd’hui. 17 sont sur scène, les autres s’affairent dans les coulisses. Mais tous sont capables de jouer d’un instrument. Outre les bals d’été, la formation anime près de 110 galas par an.

Le chef d’orchestre relativise :
« Nous n’allons jamais travailler, nous allons jouer. C’est totalement différent. » 

Le plaisir est la clé du succès :
« Chaque composante du groupe se sublime sur scène. Tout le monde s’amuse, et la joie est communicative ! » 

Le groupe est soudé. La preuve : en 2000, l’orchestre se fait cambrioler. Le préjudice s’élève à 909 000 F. Un seul membre n’a pas surmonté l’épreuve. Tous les autres se sont serrés les coudes.

Mais le secret de la réussite réside aussi dans le répertoire :
"Nos morceaux donnent envie de bouger. Le public écoute à 40% et danse à 60%".
Un morceau sur 3 est accompagné de danseuses. Elles changent de costume à chaque passage. Il faut faire rêver. Les musiciens, de 18 à 26 ans, enchaînent les derniers tubes et ceux du passé.

Martine, son épouse, Doris, sa fille aînée, sont à ses côtés. Elles gèrent aussi le volet administratif et artistique. Julia, 15 ans, pourrait suivre le même chemin...Doris au saxo

Paul Selmer, lui, semble plus jeune que jamais. Il n’envisage pas de raccrocher.

« A 15 ans, nous avons ressourcé nos profs, et eux nous ont éduqué. Aujourd’hui, c’est l’inverse. J’ai un rôle de sage à jouer… »